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chang cheh - Page 2

  • Ciné d'Asie : Le bras de la vengeance (1969)

    Un film de Chang Cheh

    3567678450_f7314b72c8_m.jpgSecond volet de la trilogie du sabreur manchot, ce Bras de la vengeance radicalise les partis-pris du film original, tout en s’ancrant dans la logique du serial. Suite directe, le film commence là où l’on avait laissé le sabreur Fang Gang, retourné après les péripéties du premier opus travailler son domaine agricole avec son épouse.

    Lui qui avait juré qu’on ne l’y reprendrait plus est contraint de reprendre les armes contre une groupe de combattants surpuissants, les 8 rois, qui, sous le prétexte d’un tournoi d’arts martiaux, veulent annihiler toute concurrence dans la maîtrise du sabre.

    Pour les éléments typiquement serialesques, on comprend tout de suite la règle de la surenchère : les combats sont beaucoup plus nombreux, le sang plus présent, tout comme les ennemis et le nombre d’armes utilisées -par ailleurs délicieusement farfelues : j’aime bien le sabre qui projette du venin, ou les boucliers tranchants, très cinégéniques. Plus encore, on va retrouver certains acteurs charismatiques du premier épisode ici, dans des rôles différents évidemment, étant passé de vie à trépas dans Un seul bras les tua tous. Liu Chia-Liang et Tien Feng sont notamment de la partie, constituant une belle galerie de trognes de méchants. Pas le temps de développer un scénario réduit au strict minimum, le but est d’accumuler un nombre impressionnant de combats, captés par la caméra mobile d’un Chang Cheh très inspiré. Les nombreux travellings, la variation des échelles de plans et la multiplicité des angles de prises de vues donne une vraie richesse au film, sans compter le soin apporté aux costumes et aux décors, somptueux. On pourrait, à ce titre, ainsi qu’à d’autres, rapprocher la logique commerciale de la Shaw Brothers avec celle de la firme Hammer, productrice de certains des plus beaux films fantastiques des années 50-60.

    Après un moment d’hésitation, notre sabreur préféré va donc reprendre les armes et dominer ses adversaires d’une façon tellement facile que cela en devient caricatural, un peu à la façon d’un super-héros -il fait d’ailleurs ici beaucoup plus de pirouettes câblées que dans le film précédent, ce qui casse un peu l’élan chorégraphique de certaines scènes ; en effet, alors que des batailles sanglantes et très terriennes font rage, ces sauts fantastiques et -malgré eux- comiques, sortent le spectateur du film.

    Jimmy Wang Yu tient toujours bien son rôle, et si sa grâce martiale n’égale pas celle d’un Gordon Liu ou d’un Jet Li, il n’est pas indigne dans le rôle, d’autant que son visage toujours empreint de gravité rend bien ses cicatrices intérieures.

    Belle suite, le film tire son épingle du jeu par sa frénésie visuelle, ainsi que par la perversité de l’un des huit rois qui n’est autre qu’une reine, prenant avantage de l’effet qu’elle produit sur des combattants qui, pour le coup, deviennent bien inoffensifs. Chang Cheh poursuit son chemin de réalisateur et montre de plus en plus sa passion pour les effusions de sang, doublé d’une ambiance quasiment intégralement masculine... Le summum arrivant bientôt avec la dernière pierre à l’édifice de la trilogie, La rage du tigre (1971), alias The new one-armed swordsman, où David Chiang prend la place de Wang Yu dans le rôle-titre.

  • Ciné d'Asie : Un seul bras les tua tous (1967)

    Un film de Chang Cheh

    One_Armed_Swordsman_movie_poster.jpgUn jeune homme, entraîné par le maître de son père, est la risée de ses condisciples à cause de ses origines modestes. Les persécutions vont jusqu’à lui couper le bras droit, ce qui condamne a priori sa destinée dans les arts martiaux.

    Le personnage du sabreur manchot, incarné par Jimmy Wang Yu, représente une sorte de fantasme de puissance car il est tout à fois amoindri, mutilé, et triomphe de ses ennemis avec une aisance déconcertante, donc jouissive. La beauté plastique des combats, accompagnée d’une mythologie sympathique (le héros tient son enseignement d’un livre dont les pages ont brûlé à moitié et dont il ne reste que la méthode de combat pour le bras gauche ; livre qui lui est transmis par une femme qui l’a précédemment sauvé) rendent ce film vraiment divertissant, trouvant le juste équilibre, où les combats s’inscrivent gracieusement dans les méandres du scénario et, qui plus est, loin des excès gore qui auront par la suite la préférence d’un Chang Cheh tout dévoué au pouvoir cathartique de la violence.

    The one-armed swordsman, ou Dubei Dao dans son idiome original, s’inscrit dans la lignée des wu xia pian à philosophie confucianiste, mettant en haut de l’échelle des valeurs le respect et la dette envers le personnage du père / maître, laissant le personnage principal torturé par des problèmes d’ampleur shakespearienne ; ici, bien q’une femme lui ait coupé le bras (ce n'est pas rien, tout de même), notre sabreur manchot va voler à son secours quand elle se retrouvera piégée par des brigands, et que le père de celle-ci s’est déjà sacrifié pour essayer de la sauver. Tout cela car le père de la jeune femme n’est autre que son ancien maître, le sauvetage étant donc une façon de ré-équilibrer la balance.

    Au niveau de la réalisation, Chang Cheh assure vraiment avec des mouvements de caméras fréquents mais toujours justifiés, élaborés avec un grand soin (ce qui ne sera malheureusement plus le cas dans sa fin de carrière). Les combats, chorégraphiés de main de maître (c’est la cas de le dire) par Liu Chia-Liang, futur réalisateur d’une flopée de films kung-fu très réussis, sont tout à fait intéressants. Même si la préférence, dans toute l’écurie de réalisateurs Shaw Brothers, ira sans nul doute à Liu Chia-Liang ou Chu Yuan, réalisateur du grand Intimate confessions of a chinese courtesan (1972), cet opus de Chang Cheh -qui connaîtra deux suites- reste une date dans le film de sabre chinois, et supporte un visionnage au premier degré plus de 40 ans après sa réalisation. Le personnage central, traversant l'histoire du cinéma chinois, squattera d'ailleurs plus d'une fois les écrans après 1967, notamment en confrontation avec un autre archétype surpuissant et infirme, dans le bien nommé Zatoichi contre le sabreur manchot (Kimiyoshi Yasuda, 1971).